Violonniste londonnien, il devient fromager au pays basque

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Au Pays Basque, tout arrive…

Sacha Standen est un compositeur anglais. Lauréat du conservatoire de Londres. Il a tout quitté pour une ferme au pays basque où il fabrique du fromage et élève des porcs gascons.

À ses fromages de vache, il ajoute quelques feuilles d’orties ou d’ail sauvage. Une façon de faire ressortir son côté créatif et anglais.

Sacha est installé en Soule depuis 13 ans. Depuis qu’il a racheté une petite ferme avec sa femme. Une alsacienne qui ne voulait pas rester en Angleterre.

« J’ai toujours été attiré par la transformation, la création » nous explique t-il. Ajoutant qu’il n’est pas encore retourné à Londres depuis son installation au pays basque. Et que de toutes façons, c’est ici qu’il compte rester vivre.

Regardez le reportage de Sabrina Corrieri et Rémi Poissonnier. Source : france3-regions.francetvinfo.fr

Château d’Abbadia, Hendaye, Pays basque

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Antoine d’Abbadie d’Arrast entreprit une série de grandes expéditions notamment en Éthiopie avant d’installer à Abbadia un observatoire très performant. Il fut aussi l’un des principaux promoteurs de la langue basque et de son renouveau. Le château, construit de 1864 à 1879 en style néo-gothique sur des plans d’Eugène Viollet-le-Duc qui était son ami, est de nos jours la propriété de l’Académie des Sciences. Source : Bernard Blanc via Flickr (cc)

Trois mois de voyage dans le pays basque : les fueros (extrait)

Trois mois de voyage dans le pays basque : les fueros (extrait)
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On ne saurait parler des provinces basques sans entrer dans quelques détails sur leurs fueros, sans expliquer en quoi consiste cette organisation particulière dont elles ont joui jusqu’à nos jours. La question a été traitée bien des fois déjà : elle n’en demeure pas moins un des problèmes les plus complexes et les plus délicats que présente l’histoire du droit public, et même la difficulté s’accroît de tout ce qui devait servir à la résoudre. Comment en effet concilier des assertions aussi contradictoires ? Comment reconnaître la vérité dans cette accumulation de preuves et de raisonnements où l’esprit de parti apporte depuis près d’un siècle plus de passion que de logique, plus de talent que de bonne foi ? Faudra-t-il, avec les adversaires des fueros, n’y voir qu’un régime odieux, un ensemble de franchises obtenues à titre gracieux de la faveur des rois, le dernier débris d’une législation surannée, justifiable peut-être en son temps, mais aujourd’hui impraticable ? Dirons-nous au contraire, avec leurs défenseurs, qu’ils représentent la meilleure forme de gouvernement qui ait été pratiquée parmi les hommes, la réalisation anticipée du bonheur social que d’autres recherchent dans des réformes dangereuses ou d’ambitieuses théories ? Assurément les institutions libres, mises en regard des lois qui régissent un état despotique, peuvent passer pour des privilèges ; mais au sens exact du mot, il n’y a point de privilèges quand un peuple avec son sol natal a hérité de ses ancêtres des institutions libres : ce sont alors des droits véritables, et ces droits, il lui est permis de les maintenir, de les défendre. Tel serait le cas du peuple basque : l’autonomie qu’il possède, il ne la doit à personne ; c’est celle qu’il s’est toujours connue, il ne l’a jamais compromise par des concessions ou des lâchetés, et, quand il s’annexait à la Castille, il prétendait non pas l’aliéner, mais bien plutôt la garantir. Aujourd’hui, fondée tout à la fois sur la tradition et sur les traités, elle est le fait qui existe, le droit qui s’impose et contre lequel ne sauraient prévaloir ni la volonté des rois, ni l’exemple des autres nations, ni les principes nouveaux des législations modernes.

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Trois mois de voyage dans le pays basque, par Lucien Louis-Lande (1877)

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De lointains souvenirs de richesse et de gloire, un nom illustre dans les vieilles chroniques, les tronçons épars d’une ancienne enceinte ; au centre, une grande place entourée d’arcades, dix rues y convergeant disposées en étoile, des palais déserts ; comme monument, une église gothique sombre, humide et froide autant qu’un tombeau, adossée au mur d’enceinte dont elle faisait partie autrefois avec son promenoir extérieur, ses meurtrières et ses créneaux, — telle est Orduña, une ville morte. Sentinelle avancée du Señorio, longtemps elle eut l’honneur de repousser les attaques incessantes des envahisseurs ; mais la fondation de Bilbao devait lui être fatale : plusieurs incendies désastreux, comme ceux qui éclataient dans les villes du moyen âge, précipitèrent sa décadence. Après la guerre de 1833, au mépris des fueros, la ligne des douanes fut reculée jusqu’à la frontière, même le commerce de transit, qui se faisait encore par le chemin royal, disparut lors de la construction de la voie ferrée de Tudela à Bilbao : ce fut pour Orduña le dernier coup. L’antique cité repose au fond d’un cirque immense, et les cimes qui l’entourent sont si élevées, leurs flancs si abrupts, que le train pour l’atteindre est obligé de faire vers la gauche un grand détour de 15 kilomètres. Au-delà d’Orduña, la voie continue à descendre presque en ligne droite, à travers des champs divisés par des haies vives de rosiers sauvages et de mûriers en fleurs ; puis défilent au galop de la locomotive des villages fameux dans l’histoire de Vizcaye : Luyando, où se trouvait l’arbre Malato, limite extrême de la province ; Arrigorriága, témoin d’une grande victoire remportée au IIe siècle sur les Castillans. Des villas isolées pointent dans la campagne et révèlent le voisinage d’une grande ville ; par malheur beaucoup ont été pillées et incendiées : on reconnaît là les traces de l’armée carliste.

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La Navarre et les Provinces basques

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Santillana del Mar, en Cantabrie. Crédit : druidabruxux via Flickr (cc)

Santillana del Mar, en Cantabrie. Crédit : druidabruxux via Flickr (cc)

Jusqu’au XIVe siècle, les trois provinces basques, Alava, Guipuzcoa et Biscaye, formées de l’ancienne Cantabrie, et qui avaient échappé à la conquête des Goths et des Arabes, comme à celle des Romains, restèrent complètement indépendantes de tout pouvoir étranger. Confédérées entre elles, et portant sur leur étendard trois mains sanglantes, avec la devise Irurakbat (les trois n’en font qu’une), elles élisaient un seigneur, national ou étranger, qui n’exerçait qu’une autorité viagère et purement exécutive, sous le contrôle des assemblées nationales. Ce fut en 1332 que les députés des provinces allèrent offrir au roi de Castille, Alphonse-le-Justicier, qui se trouvait alors à Burgos, le titre de seigneur, consentant à ce que ce titre fût désormais annexé à la couronne de Castille. Mais les trois petits peuples vascons (vascongados), tout en se donnant un suzerain, un protecteur, n’aliénèrent point leur indépendance, et firent au contraire à ce sujet les réserves les plus formelles. Ainsi, dans le traité qui intervint entre eux et le roi, ils poussèrent les précautions jusqu’à stipuler que le roi ne pourrait bâtir, ni posséder sur leur territoire aucune peuplade (pueblo), aucune forteresse, aucune maison. Leurs fueros, que le roi-seigneur jurait de maintenir, se terminaient par cet article : « Nous ordonnons que si quelqu’un, soit national, soit étranger, voulait contraindre quelque homme, ou femme, ou village, ou ville, à quoi que ce soit, en vertu de quelque mandat de notre seigneur-roi de Castille, que n’aurait point admis et approuvé l’assemblée générale, ou qui serait attentatoire à nos droits, libertés, franchises et privilèges, il lui soit incontinent désobéi ; s’il persiste, qu’on le mette à mort. » Ainsi, les provinces basques s’étaient adjointes, par le lien de vassal à suzerain, au royaume de Castille, mais sans s’y incorporer, sans s’y confondre.

La cathédrale de Burgos. Crédit : marcp_dmoz via Flickr (cc)

La cathédrale de Burgos. Crédit : marcp_dmoz via Flickr (cc)

« Depuis cette époque jusqu’à nos jours, elles sont restées, sans interruption ni changement, dans cet état de dépendance extérieure et d’indépendance intérieure dont les cités romaines, sous l’empire, avaient déjà donné l’exemple, et qu’eurent un moment les cantons suisses, lorsqu’ils laissèrent prendre à Napoléon le titre de médiateur de la confédération helvétique. Du reste, il existe encore aujourd’hui, entre les provinces basques et l’Espagne, toutes les séparations, toutes les barrières qui rendent deux nations étrangères l’une à l’autre. Les Vascons parlent une langue qui leur est propre (el vascuense, et, parmi eux, eskara), une langue primitive, qui ne dérive ni du latin ni du celtique, et qui n’a pas plus de rapport avec l’espagnol qu’avec le chinois, ce qui fait qu’ils ne comprennent pas leurs voisins, et n’en sont pas compris. Leurs fueros les exemptent des conscriptions (quintas) que l’Espagne lève sur les autres provinces. Ils ne lui doivent aucun service de guerre. Seulement, d’après les vieilles lois de la féodalité, ils sont tenus, en cas d’invasion étrangère, de se lever en masse pour la défense commune du pays ; et ce devoir, ils l’ont bien rempli pendant la guerre de l’indépendance. Les provinces basques, exemptes de l’impôt d’hommes, ne paient pas non plus d’impôts d’argent à l’Espagne. Deux d’entre elles, Alava et Guipuzcoa, achètent sa suzeraineté, sa protection, par un tribut qu’on nomme encore alcabala, du mot que les Castillans avaient emprunté aux Arabes. Mais cette alcabala perpetua, qui n’a point varié depuis le traité fait avec Alphonse XI, est maintenant d’une insignifiance ridicule. Ainsi, le Guipuzcoa paie une contribution de 42,000 réaux (moins de 11,000 francs). Quant à la Biscaye, la plus démocratique des trois, elle s’est de tout temps affranchie de cet ancien tribut, dont le nom rappelle une idée de vassalité et de servage. Elle ne doit rien à l’Espagne ; mais elle lui fait quelquefois des dons volontaires (donativos), dont la quotité varie suivant les besoins du roi, qui sollicite, et la générosité de la province, qui accorde.

Source : La Navarre et les Provinces basques, par Louis Viardot. Publié dans la Revue des Deux Mondes T.8, 1836.